Le fonds souverain le plus important au monde en termes de capitaux gérés est norvégien. Bien loin devant le fonds souverain chinois ou des Emirats arabes unis. Le Government Pension Fund Global, créé en 1990, représente environ 1000 milliards d'euros aujourd'hui. Mais que se passe-t-il dans les coulisses d'une telle machine ? Patrimoine&Bourse vous plonge dans les arcanes du plus gros fonds souverain au monde.
Le fonds souverain norvégien dénommé Government Pension Fund Global a été crée en 1990, suite à la découverte, en 1969, de la plus grande réserve mondiale de pétrole en mer du Nord. L'objectif annoncé du fonds est de protéger l'économie norvégienne des fluctuations des revenus pétroliers tout en capitalisant sur cette ressource non renouvelable pour les générations futures.
Il faudra attendre 1996 pour voir la réalisation du premier investissement par le gouvernement norvégien au sein du fonds. Depuis cette date, les encours sous gestion n'ont cessé de croître jusqu'à franchir le cap, en 2019, des 10 000 milliards de couronnes norvégiennes soit 940 milliards d'euros.
Mais que se cache-t-il derrière ces chiffres faramineux ?
La composition du fonds
Selon les dernières données à notre disposition, l'encours total géré par le fonds représente, au 30 juin 2020, 10 400 milliards de couronnes norvégiennes soient 980 milliards d'euros.
Parmi les principales contributions au sein du fonds, on retrouve par ordre d'importance : les plus-values et rendements cumulés des investissements effectués par le fonds (50%), les capitaux injectés par le gouvernement norvégien (30%) et les effets de change de la couronne norvégienne (20%).
L'allocation d'actifs
À la fin du premier semestre 2020, le fonds était investi à hauteur de 69,6% en actions, 27,6% en obligations et 2,8% en immobilier non coté.
Source : www.nbim.no
Les investissements en actions représentent des prises de participation, souvent minoritaires, au sein d'un univers de 9 200 sociétés dans le monde, réparties dans plus de 74 pays. En moyenne, le fonds détient 1,5% de toutes les sociétés cotées.
Les placements à revenu fixe sont générés par des obligations d'Etat, d'Institutions ou d'entreprises. Une part significative qui peut représenter jusqu'à 30% du fonds en accord avec la politique d'investissement prédéfinie.
Le portefeuille d'investissement
Le fonds est l’un des plus importants au monde et se diversifie dans une multitude de pays, secteurs et devises. Toutefois, même si son univers d'investissement est extrêmement large sans biais apparent, le fonds n'investit qu'à l'étranger pour éviter toutes surexpositions à son économie nationale.
Les zones géographiques les plus représentées au sein du portefeuilles sont : les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et le Japon.
Les 5 principales positions du portefeuille actions au 31 décembre 2019 :
Source : www.nbim.no
A noter que la première position française au sein du portefeuille actions est TOTAL SA (17ème place).
Les 5 principales positions du portefeuille obligataire :
Source : www.nbim.no
Côté performance, ce portefeuille d'investissement multi-assets au positionnement dynamique a permis au fonds souverain de générer un rendement annuel moyen de 5,8% entre le 1er janvier 1998 et le premier semestre 2020. Le rendement annuel net du fonds est de 3,9%.
La stratégie d'investissement
Le ministère des Finances norvégien décide de la stratégie globale d'investissement du fonds. Les modifications importantes sont également scellées au Parlement norvégien.
La stratégie du fonds s'exprime à travers le mandat de gestion confié à Norges Bank. Un mandat de gestion qui définit l'indice de référence du fonds et un certain nombre de contraintes et exigences.
Un portefeuille de référence sert de point d'ancrage aux stratégies d'investissement et permet de faciliter le contrôle du respect des critères de diversification et de maîtrise du risque pré-établis :
les investissements en actions sont répartis dans 9 200 sociétés afin de capturer la création de valeur mondiale et de diversifier au mieux les risques. Jusqu'à 70% du fonds peut être investi en actions,
l'investissement en biens immobiliers non cotés ne peut excéder 7% du fonds,
les placements à revenu fixe (obligations) sont concentrés sur les obligations émises par des Etats et des Institutions liées et à des titres émis par des entreprises. Jusqu'à 30% du fonds peuvent être investis dans des titres à revenu fixe.
Si le premier des fonds souverains, Kuwait Investment Authority (Koweït) date de 1953, force est de constater que les fonds souverains ont acquis une forte notoriété à partir des années 2000 notamment dans les pays pétroliers et les pays asiatiques.
Ces fonds suscitent, néanmoins, de par leur positionnement conséquent dans le secteur des dettes souveraines, des inquiétudes grandissantes quant aux menaces pour la souveraineté. Dans ce contexte, le Fonds Monétaire International (FMI), en 2008, à adopter un code de bonne conduite, les « Principes de Santiago », prônant des règles de transparence.
Plus récemment, les fonds souverains (le fonds norvégien en tête) ont misé sur la défense de certaines valeurs éthiques en créant un groupe de travail dénommé One Planet Sovereign Wealth Funds afin de renforcer les exigences en place au sein des sociétés dans lesquelles ils investissent en termes d'engagements contre le réchauffement climatique.
Radical changement de politique ou simple effet d'annonce ? Des éléments de réponse dans nos prochains articles.
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